Deux semaines au Liberté Living-lab— #semaineIP (novembre 2019)

LIBERTÉ LIVING-LAB
9 min readDec 20, 2019

19 novembre 2019 : Transformation publique : que faire ?

Le 19 novembre, en apéritif à la semaine de l’Innovation Publique, le Liberté Living-lab, Vraiment Vraiment et Bayes Impact ont proposé une soirée de conférence, ateliers et débat inversé sur le mode “on s’dit tout” de l’innovation publique. Où va la transformation publique, au-delà de l’intérêt croissant pour le nudge, les labs d’innovation publique, l’incubation, le design, le lean, le service public citoyen ou encore les start-ups d’Etat ? Est-elle suffisamment orientée au service des grands défis de société comme la lutte contre les inégalités et contre le réchauffement climatique ?

Les 200 participants — usual suspects, professionnels de la #TransfoPublique, mais aussi des citoyens intéressés — avaient le choix : soit un travail en atelier sur la capacité de l’innovation publique à relever les défis de l’accès de tous au service public, de la pauvreté, ou du climat ; soit un “débat inversé” : un format qui a fonctionné à merveille qui voit les experts écouter le public pendant une heure avant de reprendre la parole pour réagir et développer leur propre discours. En amont de l’exercice, Ariane Azema avait bien préparé les esprits aux enjeux du climat, de la biodiversité, des inégalités, de la fracture numérique et de l’impact global du digital.

Il en ressort une parole appelant à un plus fort déploiement des success stories de la transformation publique, plutôt bien médiatisées, mais dont l’impact réel sur l’ensemble des territoires pose questions. Une envie de “retour aux fondamentaux” de l’intérêt général s’est également exprimée : s’assurer que les réformes produisent bien du mieux vivre et une amélioration concrète du service public pour les citoyens ; s’assurer aussi qu’elles sont bien pensées pour l’ensemble des acteurs publics, et non par exemple surtout par et pour les administrations centrales parisiennes. Enfin les participants, qu’ils soient agents publics ou non, ont souhaité une plus forte politisation de la transformation publique, pour sa bonne orientation au service du bien commun, sans oublier certains sujets comme celui de la parité dans les responsabilités publiques ou encore les violences faites aux femmes.

25–26–27 novembre 2019 : Datathon de l’ARS : outils de prédictibilité des soins non programmés

Depuis le début de l’année 2019, le Liberté Living-lab accompagne l’Agence Régionale de Santé et le Lab Santé Île-de-France dans le développement d’un outil de prédictibilité des flux et activités aux urgences des hôpitaux franciliens. Objectifs :

  • croiser les données issues du système de santé (passages aux urgences, données épidémiologiques, appels SAMU — SOS Médecins, données pharmaciens) avec des données externes (météorologie, pollution de l’air, événements et manifestations socio-culturelles, interventions d’urgence des sapeurs pompiers, Google Trends sur les requêtes d’internautes),
  • recourir aux approches modernes d’analyse afin d’évaluer le potentiel de prédictibilité des données mobilisées puis tester des pistes modélisations algorithmiques,
  • pré-prototyper un outil d’aide à la décision à destination de l’ensemble des professionnels de l’urgence, des directions des établissements de santé et de l’ARS Île-de-France, notamment pour le pilotage régional de l’offre de soins (ressources humaines, ressources économiques).

À l’issue de 8 mois de travail (sessions d’idéation avec près d’une centaine de cadres et professionnels de santé, collecte des datasets auprès des acteurs partenaires, mise en qualité des données pour les rendre intéropérables), le Liberté Living-lab a réuni une soixantaine de profils complémentaires pour un sprint data — design de 3 jours (les 25, 26 et 27 novembre dernier). Data scientists, développeurs, professionnels / cadres de santé et designers ont ainsi collaboré pour relever des défis de modélisation algorithmique et prototyper les premières fonctionnalités de l’outil de prédictibilité. 6 équipes pluridisciplinaires ont travaillé 6 défis techniques en croisant data science et besoins / expertises métiers (médecins-urgentistes, directions d’établissements hospitaliers et pilotage régional de l’offre de soins). Une équipe de 6 UX-UI designers a en parallèle procédé à la formalisation de l’outil, de l’interface et de ses premières fonctionnalités. Cet important travail se prolonge actuellement et donne lieu à la réalisation d’un cahier des charges de mise en production de l’outil de prédictibilité dans sa version bêta. Il conviendra également dans les prochains mois d’approfondir en parallèle le travail de data science et de modélisation algorithmique (ex. : affiner le potentiel prédictif de certaines variables et données type données de météorologie, Google Trends et autres).

28 novembre 2019 : ANSSI, French Tech Central et les incubateurs de services publics

ANSSI : Matinée spéciale cyber campus

Le 16 juillet dernier, sous l’impulsion du Président de la République, le Premier ministre a confié à Michel Van Den Berghe la mission d’étudier la faisabilité d’un « campus cyber ». L’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) intervient à ses côtés dans ce projet visant à fédérer l’écosystème français et soutenir la montée en puissance des acteurs du numérique et de l’innovation.

Le LLL organisait une matinée spéciale dédiée au cyber campus avec plus de 120 participants réunis autour des défis et enjeux pour ce futur campus dédié aux enjeux du numérique : 1. contribuer au développement des communs de la cybersécurité ; 2. soutenir la recherche et l’innovation ; 3. développer la formation en cybersécurité et susciter des vocations ; 4. renforcer la coopération en matière opérationnelle.

L’objectif de ces 4 ateliers ? Rassembler les parties prenantes (industriels, startups, associations) qui collaboreront, pour faire émerger collectivement les défis et les réponses que le campus peut apporter (organisation spatiale, taskforce, solution numérique, média…).

Cédric O, Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances et du ministre de l’Action et des Comptes publics, était présent pour saluer la démarche et rappeler les objectifs du gouvernement.

French Tech Central délocalisé au LLL

Dans un communiqué de presse, le préfet d’Ile-de-France annonçait “Pour diffuser plus largement l’offre des services publics consolidée à French Tech Central et en faire bénéficier à plus de startups, la préfecture organise French Tech Central délocalisé, une tournée des incubateurs dans toute l’IDF”. Ce fut le cas au LLL le 28 novembre dernier, avec 7 administrations publiques présentes pour répondre à toutes les interrogations des startups : brevet ou un partenariat de propriété intellectuelle, premier projet d’exportation ou de prospection internationale, solutions pour des recrutements rapides de personnes qui n’ont pas la nationalité française… ? L’INPI, les Douanes et la CCI, la préfecture et la Direccte, l’URSSAF et Pôle Emploi étaient là pour y répondre !

Premier état des lieux des incubateurs de services publics

Depuis quelques années, des incubateurs de services publics ont émergé au sein des administrations, d’abord sous l’impulsion des multiples programmes interministériels, puis à travers la volonté de petites équipes d’agents publics, dans les territoires et au sein des Ministères, de mettre en place des modes d’organisation permettant de construire autrement les services publics. À partir des acquis du modèle des “start-ups d’État”, importé des États-Unis dès 2013 au sein de Bercy et diffusé par la DINUM (Direction Interministérielle du Numérique) et en s’inspirant notamment des modèles d’incubateurs développés dans le secteur privé, ces infrastructures permettent entre autres de s’affranchir de certaines contraintes d’ordre culturel, technique ou encore juridique, pour offrir aux institutions une capacité à produire des dispositifs en mode agile et dans un cadre de confiance

Le 28 novembre, le LLL décidait donc d’organiser, en partenariat avec Futurs Publics, la communauté de l’innovation dans le secteur public portée par la DITP (Direction Interministérielle de la Transformation Publique), Beta.gouv, l’incubateur de la DINUM et l’accélérateur de Gov Tech Public.io, un évènement pour réunir les différents acteurs qui pilotent ces structures et commencer à dresser un état des lieux de l’incubation de services publics : de l’incubation historique de services numériques, à l’incubation, naissante, de politiques publiques au sens large, telles qu’une réforme nationale ou une réorganisation locale.

Les participants, à l’instar de Frédéric Bardolle, chef de l’incubateur du Ministère de la Défense, Benoit Vallauri et Aymeric Raoult (Ti’Lab et Ti’Kub, deux structures co-portées à la fois par la région et la préfecture de Bretagne) Ishan Bhojwani, responsable des start-ups travaillant sur le thème de la mobilité à beta.gouv ou encore Yasmine Berrada (TEKHNÈ, Liberté Living-lab) et Alex Margot Duclos (DG de Public France) ont échangé pendant 3 heures autour de l’historique, des bénéfices et des contraintes inhérentes à ce type de mode de production, dont la visée première est souvent d’appareiller des projets et des acteurs relativement isolés au sein de collectifs qui existaient auparavant “en puissance”, mais qui, structurés, permettent une mutualisation des coûts de production et la transmission des savoirs et des approches. L’objet est ainsi de construire des dispositifs qui facilitent l’intégration de compétences rares, dans une logique de conception lean rendant possible l’amélioration et le déploiement continus de services d’intérêt général considérés comme des produits — et devant nécessairement entrainer un impact mesurable, sous peine de devoir changer de positionnement voire même, d’être abandonnés.
Les discussions ont ainsi particulièrement mis en lumière les notions de cadre de confiance et de facilitation de la prise de risque apportées par des incubateurs qui chacun, par leur nature, visent à développer des services publics pour répondre aux sempiternels problèmes de l’administration comme à des besoins nouveaux, mais toujours concrets.

29 novembre 2019 : Datathon des Archives Nationales et soirée du Club Femmes Ici et Ailleurs

Datathon des Archives Nationales : “Innovations et patrimoine : enjeux du web de données”

Les Archives nationales souhaitent résolument entendre les usagers et les faire participer à leur évolution. Après un barcamp en 2017, pour imaginer des cas d’usages, et un hackathon en 2018 co-organisé avec le LLL pour réaliser des prototypes des services numériques de demain, les Archives nationales ont marqué la fin de l’année 2019 par un datathon, nouvel événement numérique centré sur le matériau de l’exploration en ligne.

La journée était scindée en 2 parties : une première partie plus théorique, basée sur des mini-conférences, des retours d’expérience ; une deuxième partie sous forme d’ateliers pratiques pour les agents des Archives nationales, pour produire des mises en qualité de jeux de données.

  • « Les principes et langages du Web sémantique » par Olivier Corby, chercheur à l’Inria en Web sémantique au sein de l’équipe de recherche Wimmics (Web-Instrumented Man-Machine Interactions, Communities and Semantics).
  • Présentation du travail de réflexion autour du modèle conceptuel IFLA-LRM et de la transition bibliographique menée à la BnF par Tiphaine-Cécile Foucher, département des métadonnées, Bibliothèque nationale de France.
  • Standardisation syntaxique et sémantique pour la revalorisation des données de santé par Théo Ryffel, polytechnicien et co-fondateur d’Arkhn.

Femmes ici et ailleurs : rencontre avec Justine Masika Bihamba

Le LLL terminait la semaine par une rencontre inoubliable avec Justine Masika Bihamba, militante congolaise, fondatrice de l’organisation non gouvernementale Synergie des Femmes pour les Victimes de Violence Sexuelle, qui lutte pour améliorer la vie des femmes rurales, défendre leurs droits, aider les victimes de la guerre, en particulier les femmes victimes d’actes de violence sexuelle. Un collectif de 35 organisations pour couvrir le territoire et agir contre le fléau du viol comme arme de masse en RDC grâce à la prise en charge médicale physique et psychologique, insertion communautaire, autonomisation financière et lutte contre les violences sexuelles. Le contexte de la République Démocratique du Congo est terrible : plus de 30 groupes armés actifs violent les femmes en toute impunité. En 20 ans, on dénombre 5 millions de morts. 18 000 « survivantes », 18 000 femmes « accompagnées » par l’ONG Synergie des Femmes pour les Victimes de Violence Sexuelle.

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